Ce travail doctoral analyse les conséquences socio-spatiales du pogrom anti-musulmans survenu à Ahmedabad (Gujarat) en 2002 et orchestré par les autorités. Ce pogrom a donné lieu à la formation d'un ghetto, soit une localité économiquement mixte et
localité en ghetto, analysé comme tel grâce aux travaux de L. Wacquant. Ce ghetto est initialement pensé comme un dispositif foucaldien de pouvoir visant à imposer la domination de la minorité musulmane. Par son truchement, le pouvoir y déploie un certain
nombre de stratégies de domination de la minorité, consubstantielles à la forme ghetto. Néanmoins, à partir de 2004, les classes supérieures se mobilisent. Leurs actions, coordonnées ou pas, et analysées comme des "entreprises de mobilisation sociales" (O
. Fillieule) sont autant d'initiatives de self-help conduisant au développement du ghetto. De fait, elles deviennent des "tactiques de résistance" aux stratégies de domination du pouvoir. Celles-ci apportent du changement social dans le ghetto, ce dernier
étant analysé et qualifié. On en conclue notamment à la prééminence du récit identitaire séculariste, au dépend de celui islamique. On observe aussi l'existence de plus en plus prégnante des clivages de castes au sein du ghetto; ce que matérialise la