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Le jeune laveur de bouteilles (Inde)

Auteur : DE BERCEGOL, Rémi


Légende: Mohan dit qu’il a quinze ans, mais il n’en est pas tout à fait certain. Il vient d’un petit village de l’Uttar Pradesh, un État pauvre d'Inde du Nord. Avec d’autres jeunes villageois, il a été recruté par le réseau relationnel d’un même thekedar, un contremaître qui leur a fait miroiter des perspectives plus rémunératrices que le dur labeur des travaux agricoles. Poussé par ses parents, il a quitté sa famille après Diwali, la fête des lumières, accompagné de son grand-frère pour venir travailler dans cette usine de recyclage de bouteilles de verre au sud de Delhi.

Commentaire: Avec lui, près d’une centaine d’ouvriers, d’âges variés, s’affaire sur le site de Kankan Kunj selon une organisation millimétrée. Un camion arrive et une dizaine d’hommes décharge des sacs énormes de bouteilles usagées, en faisant attention à surtout ne pas les briser, tandis que d’autres employés commencent déjà à les trier selon leur marque, leur couleur et leur taille. Chacun est assigné à une place bien déterminée, les bouteilles passent de main en main, l’un retire le bouchon, l’autre enlève la bague, celui-ci nettoie le récipient, ce dernier le remballe avec d’autres d’un même modèle. Le travail s’enchaîne et, très vite, le cliquetis du verre remplit l’espace. En fin de parcours, le camion repartira livrer sa cargaison directement aux usines d’embouteillement de bière, de whisky ou de vodka, qui bénéficient ainsi clairement de la force de travail non déclaré de ces centres de recyclage.
Mohan travaille aux étapes de lavage, lesquelles sont généralement réalisées par des femmes et des adolescents. Sa tâche consiste à plonger une par une les bouteilles dans un bain d’eau savonneuse, à gratter vivement l’étiquette pour bien la retirer et à répéter inlassablement les mêmes mouvements. Il est payé au nombre de bouteilles et ne s’est pas arrêté de frotter alors que nous discutions. C’est un travail pénible mais qui reste toutefois mieux rémunéré que celui des champs. Lorsque, quelques jours plus tard, je reviendrai à l'usine pour lui donner son portrait imprimé, je le trouverai dans la même position, accroupi au-dessus de son bac, et il essuiera à peine ses mains abîmées par l’eau, pour courir montrer sa photographie à son grand-frère.


Date de la prise de vue : 2016.01.16

Lieu de la prise de vue : Delhi, Inde